Joker : les méandres de la folie (sans spoilers)


Dans les années 1980, à Gotham City, Arthur Fleck, un comédien de stand-up raté est agressé alors qu’il ère dans les rues de la ville déguisé en clown. Méprisé de tous et bafoué, il bascule peu à peu dans la folie pour devenir le Joker, un dangereux tueur psychotique.

JOKER

Un film réalisé par Todd Phillips (2019)

Au casting : Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Frances Conroy, Zazie Beetz, Brett Cullen…

12 ans et +

Bref

∎ Véritable thriller psychologique
∎ Une prestation de Joaquin Phoenix exceptionnelle et inoubliable
∎ Une ambiance et une BO vraiment glaçantes
∎ Un scénario qui s’emboîte et glisse parfaitement
∎ Presque une chronique sociale
∎ Un héros qui attise l’empathie, tout en restant effrayant


Détaillé 

Ne lisant pas de comics et n’ayant jamais été fan du Joker au cinéma (que ce soit dans Suicide Squad, les films de Nolan…), je n’avais pas d’attentes particulières concernant ce nouveau film. J’espérais seulement qu’on explore enfin l’histoire du personnage avec profondeur et sérieux, ayant toujours ressenti un potentiel sans jamais être satisfaite de ces transpositions à l’écran. Enfin, c’était jusqu’au film de Todd Phillips ! Je peux enfin dire que j’adore un Joker.

© DC Ent. / Warner Bros

Film de super-héros ou thriller psychologique ?

Une ambiance feutrée, morne et glaçante s’installe dès les premières minutes. Tout participe à cette impression : cadrage, colorisation, jeux de lumière, décors et costumes. Sans oublier l’exceptionnelle bande originale signée Hildur Guðnadóttir ! Le film adopte une esthétique qui lui est propre, nous plongeant véritablement dans ce Gotham sombre et corrompu.

Tout comme son protagoniste, le film bascule de plus en plus dans la folie jusqu’à atteindre l’inévitable point de non retour. On vit cette chute en même temps que le Joker s’enfonce dans son mal-être et sa rancoeur. La narration est extrêmement soignée et chaque détail pensé avec soin. Joker est un film véritablement noir. Loin d’être un « simple » film de genre, c’est avant tout un thriller psychologique pur et dur. À ne pas mettre devant tous les yeux, aussi bien pour son fond véritablement violent, mais aussi car il faut -je pense- un certain vécu et/ou une certaine maturité pour en saisir tous les enjeux et subtilités (et ainsi l’apprécier ou non à sa juste valeur).

© DC Ent / Warner Bros

L’homme qui rit

Quelle incroyable prestation de Joaquin Phoenix dans le rôle titre ! J’en ai été soufflée. Il a su incarner ce personnage si particulier avec nuance et talent. On nous dépeint un homme souffrant d’une maladie mentale, aux conditions de vie précaires et difficiles. Ajoutons à cela l’imbécillité humaine et la violence permanente qui règne à Gotham, rendant son quotidien encore plus morose et insupportable.

Arthur Fleck est à la fois une victime et un bourreau. Bourreau, car il est seul responsable de ses actes. Victime, car la société n’est pas tendre : violences gratuites, capitalisme, pauvreté, hypocrisie, secrets enfouis, criminalité, manque de considération pour les personnes atteintes de troubles psychologiques, manque d’empathie général… Qu’on le veuille ou non : ce sont des facteurs qui jouent sur qui nous sommes, ou qui nous devenons. Même si personne ne veut en porter la responsabilité. Et c’est compliqué ! Car on ne peut blâmer « les autres » pour nos actes ou pour nous-même, mais la société peut avoir une influence majeure là-dedans.

© by « neozumi » on Deviantart

Qu’on soit d’accord : je ne cherche pas d’excuses au Joker. Loin de là. Je trouve juste que le personnage et la société humaine sont dépeints avec brillance et subtilités dans leurs plus mauvais côtés. Ce qui nous rend forcément le Joker sympathique, même si on garde également une distance avec le personnage. C’est vraiment troublant et bien amené ! Chacun en tirera ce qu’il veut (du bon ou du mauvais), mais en tout cas c’est un film qui invite à réfléchir sur la vie et nous fait voir la réalité sous un autre angle (dans le cadre fictif de Gotham, de la famille Wayne etc). Libre à nous de prendre position ensuite. Le temps d’un film, l’antagoniste devient l’anti-héros des opprimés, des oubliés et la société/les humains les principaux antagonistes opposés à lui. C’est très fort.

© DC Ent / Warner Bros

Le Joker, figure Hugolienne

Cette appellation de « l’Homme qui rit«  m’a toujours fait penser à l’oeuvre éponyme de Victor Hugo. Quand on voit le personnage du Joker, je pense clairement que c’est une inspiration véritable (mais je ne saurais l’affirmer, manquant de connaissances sur le sujet). J’ai eu l’honneur de rencontrer William Blanc lors d’une conférence, spécialiste en médiévalisme et figure de super-héros. Pour lui, le Joker est une figure purement Hugolienne, car tel Quasimodo ou Gwynplaine (héros de l’Homme qui rit), c’est une figure « laide »et misérable, rejetée par la société et les hommes. Le film de Todd Phillips retranscrit parfaitement cette partie du personnage, ce en quoi il serait fidèle à celui d’origine.

Le film porte d’ailleurs le nom du roman d’Hugo en sous-titre, ce qui est délicieusement (ou détestablement) ironique, vu que le Joker est tout sauf joyeux et souriant, mais doit s’efforcer de l’être pour son travail de clown. Tel une ode résonnant dans le vide, on se souvient de sourire en permanence, à la fois pour ne pas sombrer dans l’horreur, et aussi pour mieux se fondre dans la masse… bref, je divague !


Conclusion

Joker est un chef-d’oeuvre. Le film révolutionne le genre super-héroesque en nous proposant un véritable thriller psychologique. C’est sombre, glaçant, fascinant, furieux ! Le rôle titre est brillamment interprété par Joaquin Phoenix et l’ambiance générale est exceptionnelle. Une oeuvre maîtrisée aussi d’un point de vue technique ! S’il y a bien un film d’antagoniste à voir dans sa vie, c’est celui-ci. Il pourra sembler mou aux amateurs d’action cependant, car ce n’est pas le parti pris de l’histoire ! Un film qui nous fait voir le Joker sous un nouveau jour, de manière mature, intimiste et réellement profonde ! Joaquin Phoenix is my Joker.

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7 commentaires sur “Joker : les méandres de la folie (sans spoilers)

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  3. Rooooh, il va falloir arrêter avec les bons avis sur ce film ! ❤ J'ai trop envie de le voir, mais ce ne sera pas possible avec ma p'tite panda rousse. Vivement qu'il sorte en dvd ou à la télé. Vu ce que tu en dis et ce que j'ai lu dessus, il a l'air top !!!

    J'aimeAimé par 2 personnes

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