TITRE ORIGINAL : Dizzy
AUTRICE : Cathy Cassidy
PARUTION VO/VF : 2004/2018
GENRE(S) : Tranche-de-vie
CATÉGORIE : Roman jeunesse 10+
THÈMES : Famille, parent absent, préjugés, gens du voyage…
PAGES : 255 (Broché, Nathan 2018)
➔ Dizzy avait 4 ans lorsque sa mère est partie vivre à Katmandou, la laissant seule avec son père. Elle ne l’a pas revue depuis, mais chaque année sa mère lui envoie une lettre ou un cadeau pour son anniversaire. Le jour de ses 12 ans, Dizzy attend donc le courrier avec impatience et reçoit… la visite d’une drôle de femme hippie : sa mère. La jeune fille est bouleversée, d’autant que sa mère lui propose de partir avec elle, faire la tournée des petits festivals de musique. Son père s’y oppose. Mais Dizzy grimpe tout de même avec quelques affaires dans le camion bariolé de sa mère, direction l’aventure au grand air…
Un roman immersif, percutant et touchant comme l’autrice sait si bien les écrire.
>> Une fois de plus, j’ai adoré ce roman de Cathy Cassidy. On y fait la connaissance de Dizzy, 12 ans, qui voit sa mère réapparaître du jour au lendemain, huit ans après son départ de la maison. Cette dernière espère pouvoir la réintégrer dans sa vie. Au programme : virées en Van, vie en communauté et squat de festivals de musique… l’occasion pour Dizzy de découvrir de nouveaux horizons et tenter de nouer des liens avec sa maman disparue, pour le meilleur comme pour le pire…
La belle étoile met en avant un petit groupe de gens du voyage. C’est un mode de vie particulier et souvent victime de discrimination à cause des préjugés qu’il y a à leur encontre. Tout comme notre jeune adolescente qui découvre cet univers pour la première fois, on immerge dans un quotidien atypique, spontané et affranchi de contraintes. Les voyageurs sont des individus aussi libres d’esprits que de mouvements. C’est le côté attrayant de la médaille. Hors, on comprend vite que ce n’est pas forcément un mode de vie rêvé, ni toujours simple. Loin de porter jugement sur cette communauté, l’autrice se contente de dépeindre leur monde sous le regard d’une petite fille qui, jusque là, était sédentaire et totalement étrangère à cet univers. Je suis ressortie de ma lecture le coeur un peu serré, mais aussi l’esprit affuté, comme si j’avais moi aussi « voyagé ».

J’ai apprécié le fait que rien ne soit remis en cause dans ce livre, ni les sédentaires, ni les gens du voyage. Je suis ressortie de ma lecture avec l’impression que certaines personnes sont plus faites pour un type de vie et d’autre non. La mère de Dizzy illustre parfaitement cet exemple : un peu comme la mère de Jude dans Rose Givrée (autre roman de l’autrice), elle est une « mère imparfaite ». On ne doute pas qu’elle aime sa fille, simplement elle semble tenir encore plus à sa liberté. On peut clairement le lui reprocher, mais au final c’est sa façon d’être envers et contre tout, personne ne peut rien y faire… Quant à Sam Taylor, jeune adolescent ayant toujours vécu en milieu voyageur, il nous montre bien que c’est une façon de vivre à laquelle on peut s’accoutumer et apprécier, sans pour autant partir à la dérive. Alors, oui, vous me direz que ce personnage est avant-tout là pour passer un message aux plus jeunes lecteurs, illustrer une sorte de « bon exemple » afin de ne pas les encourager à devenir de futurs fumeurs de joints qui se contenteront de rêver et de « fuir » au lieu de se prendre en main. C’est vrai. Néanmoins, je pense que ce serait un fort préjugé de penser que tous les gens du voyage sont effectivement de simple fumeurs fuyards (belle allitération) et sans motivation. Je ne doute pas que des Sam Taylor existent, ou au moins des entre-deux.
On est toujours dans un récit doudou et cocon, mais qui met en scène des personnages réalistes, diversifiés et fait passer des messages adultes. Dizzy est une jeune fille touchante et gentille, qui va malheureusement se laisser berner par une mère ne prenant pas son rôle très au sérieux, profitant de sa naïveté et de ses sentiments. Elle n’émet aucun jugement sur le monde qu’elle découvre, mais nous fait part habilement des choses qui lui plaisent et lui déplaisent. Sam Taylor est un garçon touchant, débrouillard et adorable comme tout. Des « petits princes » de Cathy Cassidy, il est clairement l’un de mes favoris. Je n’ai même pas évoqué Mouse, ce tout petit garçon déjà traumatisé par la vie à sept ans. C’est un personnage vraiment spécial, à la fois déchirant, attachant et tristement réel. Il sera le héros principal du prochain tome de ce dyptique, intitulé L’étoile rebelle et dont la sortie est prévue en juin 2018. J’ai déjà hâte de découvrir cette suite !
La belle étoile est donc un récit jeunesse percutant et très touchant, tout en restant une lecture détente, simple et mignonne comme tout. Une vraie petite friandise pour petits et même pour plus grands ! Cathy Cassidy nous démontre une fois encore que les récits pour pré-ados peuvent être intelligents et n’abordent pas forcément des sujets superficiels. Après l’anorexie, le cyber-harcèlement, l’alcoolisme et le deuil, elle nous emmène dans le quotidien d’une minorité sociale avec peu de moyens, souvent mal jugée et évoque assez rapidement le thème de la drogue. Bref, une vraie Reine du genre à mes yeux !
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